Tsuritama: Notre jeu de pêche de guerre
Par Japan pop' // un commentaire
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Les animés ont ce pouvoir de prendre des thèmes de niche et les ouvrir au plus grand nombre. Pas besoin de remonter très loin pour en trouver en plus, en automne 2011 on avait Chihayafuru et le karuta. On a tendance a voir ces titres abordant des vocations peu communes comme des ovni alors que souvent il s'agit de récits universels qui prouvent que peu importe nos activités, on a tous les mêmes problèmes. C'est le cas de Tsuritama, qui avant d'être un anime sur la pêche est avant tout un animé sur l'amitié et la famille.

En effet Tsuritama raconte l'histoire de Sanada Yuki, grand timide rêvant de se faire des amis comme une personne normale. Il y arrivera, mais pas de la manière a laquelle il s'attendait: Il s'entourera d'amis plus ou moins cinglés comme Haru qui dit être un extraterrestre, Akira Agarkar Yamada un indien toujours accompagné de son fidèle canard Tapioca, et Natsuki Usami qui est peut-être le plus normal de tous, sauf qu'il a une passion peu commune qu'il va transmettre au groupe: La pêche.

En fin de compte on se rend vite compte que les 3 amis sont a leur manière tout aussi socialement inaptes que Yuki et c'est ce qui va permettre de s'accepter les uns les autres. Tsuritama nous apprend a nous accepter tel qu'on est afin de nous épanouir, aussi cinglé qu'on soit. Un message assez récurrent dans la japanimation, qui nous rappellera La Mélancolie de Haruhi Suzumiya par exemple qui est ici très bien exécuté grâce a des personnages bien écrits. Chacun des personnages évoque d'une manière différente la question de l'amitié:

Yuki veut se faire des amis pour être normal sans forcément considérer la valeur que ça peut avoir;

Natsuki refuse de se considérer comme asocial et laisse traîner ses problèmes sans les résoudre;

Yamada ne veut pas céder à l'amitié au dépend de sa conscience professionnelle;

et Haru... C'est certainement le personnage le plus intéressant de la série.
En fait, Haru ne connait juste tout simplement pas les normes sociales et a travers ce personnage Tsuritama traite la découverte de l'amitié et de la valeur des sentiments grace à Kate, la mère de Yuki. Elle est le point de vue omniscient de la série, de manière miraculeuse elle tape toujours dans le mille pour deviner les problèmes des héros. On peut le prendre comme un défaut d'écriture tant c'est surréaliste mais quand on voit a quel point elle est compréhensive on peut s'empêcher de se dire qu'elle joue très bien son rôle, même si c'est que dans les animés qu'on voit des personnages comme ça.
Et c'est aussi que dans les animés qu'on peut se passionner pour la pêche.
Une fois attaché aux personnages, la pêche nous passionne forcément plus que lorsqu'on voit des vieillards ( respectables, je dis pas ) pêcher dans Thalassa. Mais c'est pas le seul facteur rendant la pêche intéressante dans Tsuritama. Tsuritama arrive a nous captiver avec la pêche grâce au point de vue débutant de Yuki qui permet de découvrir avec lui les rudiments de la pêche. Prendre le point de vue d'un débutant permet aussi de s'attacher à ses progrès et on se retrouve vite à s'enthousiasmer en voyant Yuki et Haru pêcher leurs premiers poissons. La pêche est aussi un moyen de rattacher l'aspect tranche de vie a des enjeux plus concrets.

En effet dés le départ Tsuritama laisse des indices sur la nature capitale de la pêche dans l'univers de la série et laisse planer un parfum de conspiration derrière le coté léger de la série. Des enjeux qui paraissent bien trop sérieux pour l'histoire gentillette de Tsuritama et on pouvait donc craindre une transition ratée de la tranche de vie a une histoire plus sérieuse.
Mais au final cette transition est très bien gérée car à l'instar d'un Summer Wars, malgré les enjeux grandissants, le ton empli de bonne humeur ne change pas et les personnages sont toujours aussi ordinaires malgré la venue d'évènements extraordinaires. Ce qui va permettre de venir a bout d'obstacles aussi grands c'est encore comme Summer Wars de se serrer les coudes et se faire confiance face au danger. Là ou Summer Wars arrivait qu'a moitié a nous convaincre de la force des liens unissant la famille Jinnouchi, Tsuritama a eu le temps de nous attacher à la famille d'Enoshima et on ne peut que se réjouir en voyant comment leur amitié finit par payer.
C'est ce que Summer Wars aurait dû faire et c'est ce que Tsuritama a réussi.
Il a réussi ça avec des personnages plus attachants, un rythme mieux géré et un scénario plus accrocheur, et c'est pas parce que Summer Wars est plus branché avec ses réseaux sociaux qu'il réussira à nous berner! Autant dire que là ou Summer Wars se classait entre le film sympathique et l'incontournable, Tsuritama lui est complètement un incontournable. Difficile de le manquer en plus car il est distribué en France par Wakanim ( retrouvez les épisodes ici ) qui j'espère prendra mon argent pour peu qu'ils sortent un coffret de la série. En attendant on peut en profiter sur leur site donc n'hésiter pas, surtout que c'est parfaitement de saison avec son ton de vacances estivales!
Allez tous ensemble, chantons l'hymne d'Enoshima: Haino, Haino, Haino! Haino, Yoishona~
Pendant ce temps dans la case noitaminA, Kids On The Slope, qui voulait faire passer le même message d'amitié mais cette fois-ci à travers le jazz, s'est méchamment planté. La où tous les personnages de Tsuritama ressortent grandis, ceux de Kids On The Slope ont pas changé d'un pouce à la fin...
(Et je tacle légèrement Summer Wars mais Mamoru Hosoda a regagné tout mon respect avec son incroyable film les Enfants Loups)
Commentaires
J'ai beaucoup aimé Tsuritama et j'ai adoré Kids On The Slope. Pour moi ce sont deux séries réussies. C'est vrai qu'il y a une vraie évolution des personnages de Tsuritama qui deviennent adulte, mais j'ai trouvé Kids on the Slope plus émouvant et surtout très "Slice of life". Pour le coup, si Tsuritama amène d'autres éléments (histoire d'extraterrestres entre autre), le Jazz ne permet pas à Kids On The Slope de sortir du Slice Of Life. On aime ou on aime pas. Moi j'ai adoré du premier au dernier épisode.